L’avènement de formes scéniques dites performatives s’est avérée un objet important d’interrogations. La fréquentation du séminaire de Christian Biet a conforté ces interrogations et les perspectives de recherches. Ce sont, à cette occasion, noués des liens entre l’EHESS et l’Université de Nanterre, ce qui a donné lieu à l’organisation de plusieurs journées d’étude. Une publication en a été faite.
Dans la tradition du langage populaire, la performance signe une évaluation hiérarchique dans l’excellence ou dans l’exploit. Un changement apparaît. Depuis les années 1960 et ses avant-gardes artistiques, le mot « performance » évoque une action unique, donc non répétable, avec en son cœur la dépense corporelle et l’accomplissement offerts au regard du public. Seule existerait alors l’épaisseur quasi physique d’une mise en acte. Le mot anglais « performance » le dit plus spécifiquement encore : « The act of performing, execution, accomplishment » (Webster’s Dictionary).
Deux voies ont dominé dans ce qui pourrait s’appeler l’enjeu de la performance artistique. La première est celle d’une exploitation quasi politique, l’utilisation de l’effervescence gestuelle comme un acte de transgression, un acte de remise en cause d’un ordre, la contestation concrète des normes dominantes, des frontières acquises. La seconde est plus individuelle, identifiée davantage au geste esthétique. Elle est affirmation de singularité, exposition d’un soi. Elle décline les forces et les fragilités d’une identité. La première s’accordait avec une culture de la contestation, celle des années 1960-1970, celle d’un corps jouant avec toutes les transgressions . La seconde s’accorde avec une culture de l’individualisme telle qu’elle s’est affirmée durant ces dernières décennies.
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